mardi 30 novembre 2010

And ten for everything everything everything !

Hier je lisais le blog d'une fille qui est partie sur un "coup de tête" (dans la mesure où il faut un passeport, de l'argent, un logement etc, l'image du "coup de tête" me semble un peu exagérée) vivre en Asie pendant un an. Comme la demoiselle en question est américaine, chaque post était ponctué de "leap of faith", "get out of my comfort zone" et autres expressions consacrées. Alors, aujourd'hui, puisque mes pieds semblent avoir pris racines bien profondément dans le béton grisâtre de cette ville déprimante et que je cherche désespérement mes ailes, je n'ai qu'une seule question : oui mais comment putain de bordel de merde ? Comment on fait ? Comment on part ? Comment, comment,comment ? Est-ce que je dois vraiment prendre mes clics et mes clacs et ciao bye-bye ? Ou est-ce je suis en train de vivre le rituel de déception et de frustration avant d'enfin entrevoir la lumière blanche de l'expatriement ? Vous l'aurez compris, je suis de mauvais poil et aujourd'hui je déteste ces quatre murs et tout ce qu'il y a autour.

vendredi 15 octobre 2010

if I should die this very moment I wouldn't fear for I've never known completeness like being here

J'ai un rituel un peu idiot depuis toute petite : à chaque fois que je ressens un sentiment de bonheur total, de complétude, je lève subrepticement les yeux au ciel et je répète dans ma tête tout en fixant les nuages "merci,merci,merci". Ma voix intérieure est toute timide, elle est restée celle de la petite fille du début et je peux sentir le sang affluer vers mes joues et mon coeur battre la chamade quand je m'exécute. Je n'ai jamais su à "qui" j'adressais mes remerciements. Mais ce qui semble clair dans ce genre d'instants,c'est qu'il y a quelqu'un à remercier, quelque part. Qu'il y a du surnaturel dans la chance qui me croise si souvent, dans la perfection du moment, dans ce bouillonnement dans ma poitrine, dans le fait d'être si pleinement "violently happy". Ce qui est incroyable, c'est que la majorité du temps rien de particulièrement extraordinaire ne doit se produire pour déclencher cette implosion de bonheur. Mon petit rituel pourra être déclenché par toute une série de quotidienneries . Par le fait de rentrer en automne dans un appartement chaud et cozy et de le trouver en train de jouer à la Wii et saisir son regard de petit garçon pris sur le fait d'une bêtise. Par une discussion jusque 6h du matin dans un bar à Kreuzberg alors que l'on avait prévu de se coucher tôt. Par une soirée fraîche -enfin- ,en pleine canicule moscovite, passée sur le toit d'une synagogue à manger des grillades, nos fous rires interrompus par un petit garçon, kippa sur la tête, demandant à Ira de lui envoyer un Iphone des Etats-Unis. Par tous ces moments passés à marcher sur les tapis roulants de Zaventem pour atteindre la porte tout au fond, celle où il est indiqué "destination Berlin". Par l'orgasme intellectuel à la fin de chaque épisode de Mad Men, à chaque fois. Par les longs mails qui ne veulent dire qu' "idem" et les conversations skype de plusieurs heures qui ne signifient que "oui, tout pareil ma Lulu". Par les baisers qui me réveillent presque tous les matins depuis plus d'un an et demi. Par le fait de me le rappeler constamment et de chérir cette pensée :j'ai aimé, j'aime et je suis aimée et quelle magnifique réussite que ma famille de choix !Alors si j'ignore qui entend mes mercis rituels, j'espère que vous lirez ceux-ci : merci, merci, merci.

samedi 25 septembre 2010

So glad to meet you angeles

Ce soir, je l'ai su. Le caractère temporaire de tout cela m'a heurtée. Pas de toujours, pas de "à jamais". Comme faire ? Comme survivre le circonstanciel ? Comment penser que l'on vaut mieux si l'on fait que passer ? Je voudrais de l'inconditionnel, du solide. Dommage, il paraît que c'est la famille qui fournit ça et il semblerait que ma chance soit déjà passée. J'aimerais ne pas être ébranlée par la lecture de "la fenêtre panoramique" mais pourtant c'est le cas, ce récit de médiocrité m'est trop familier. J'aimerais garder bien au chaud la sensation d'urgence que m'avait laissé le décès de M., son cancer, son "combat" comme certains disaient alors. A-t-on vraiment le choix des armes, le choix de déserter ou non dans ce genre de bataille?Le volontarisme qui réside derrière cette terminologie belliqueuse ne m'a jamais semblé aussi peu approprié. La vérité, c'est que l'on vit. Que l'on survit. Que même lorsque l'on est constamment humilié ou battu dans un camp, on se tourmente avec ses histoires de midinettes ou en pensant à ses pairs. Que le superficiel devient notre essence. Ce soir, j'aimerais connaître "ce point fixe dans un monde en rotation" et ne pas regretter de trop bouger que pour le rencontrer.

mardi 31 août 2010

I don't see what anyone can see in anyone else... but you

Ces dernières semaines il semble que je suis confrontée à un "reality check" incessant, comme si chaque moment de ma vie semblait me tendre un miroir pour m'obliger à m'y regarder avec attention. Même si j'ai toujours été d'une grande souplesse me permettant de me contorsionner pour contempler mon nombril plus que nécessaire, je n'ai jamais été aussi à l'aise avec le fait de faire face, bien droite et de regarder sans sourciller. Je ne suis pas en train de suivre le plan. Je ne suis pas en train de devenir celle que je voulais. Non, c'est faux. Je ne suis pas en train de devenir celle que je pensais devoir devenir. J'ai grandis en sautant dans tous les sens, en courant toujours droit devant, parce que vivre c'est bouger, vouloir, toujours plus. Ne surtout pas mourir en petite fille aux allumettes, recroquevillée dans cette tristesse que l'on aime dans ma famille porter en manteau.
Tout avait un sens, une trajectoire, une direction.
Jamais de détour,jamais de regard en arrière, jamais de pause.
Mais je suis fatiguée de voir les paysages flous passer à côté de moi et de n'avoir l'impression d'aller nulle part. Epuisée d'avoir construit mes propres critères inatteignables de réussite et d'y avoir conditionné l'amour des autres. Je suis déjà là, ici, maintenant. Je les ai déjà tous ces regards, tous ces bras, toutes ces discussions jusqu'au petit matin, tous ces karaokés dans les taxis sur un son des Smiths aux petites heures du matin. Ils n'ont pas attendu que j'atteigne cette ligne d'arrivée auto-imposée pour me rejoindre dans ma course. Alors, mes amis, vous qui avez supporté mes innombrables questionnements existentiels, j'espère que vous serez aussi heureux que moi de ralentir le pas. J'espère surtout que ces grandes espérances avec lesquelles je me torturais ne sont pas devenues les vôtres et que vous continuerez à m'aimer (n'est-ce pas toujours question que de cela finalement?) même toute petite et même juste mon actuel et limité moi-même.

lundi 21 juin 2010

I'm your hell I'm your dream Nothing in between

J'ai toujours adoré observer les gens. Pas seulement les voir déambuler dans les rues, rire, s'énerver , éviter soigneusement les regards dans le métro, fermer les yeux et plisser les joues quand un rayon de soleil les chatouille... mais aussi les scruter, les analyser dans la moindre de leurs petites habitudes. Les mettre dans des catégories, que j'invente la plupart du temps. C'est un plaisir coupable et incompris puisque, une fois avoué, nombreuses sont les personnes qui m'y opposent outrées les merveilles de l'unicité et la soit-disant horreur de classifier ainsi mes contemporains.
N'est-ce pas curieux qu'à un moment où il est si primordial de faire partie d'une communauté -et de s'exprimer à travers elle- il est toujours pour certains d'entre nous insupportable de reconnaitre leurs appartenances ? Plus encore, j'ai été interpellée la dernière fois en regardant une vidéo de Kate Nash sur Youtube par les réactions des internautes : "unique"; "un look si original";... Sérieusement ? Une mèche rétro ? Des vêtements vintages ? Des textes emprunts de "girl power" british bon ton ? Je vous en trouve mille des demoiselles similaires !Ne me comprenez pas mal, loin de moi l'idée de dénigrer Miss Nash (prise d'ailleurs à simple titre d'exemple pour illustrer mon propos), bien au contraire, je trouve ça fantastique de remarquer que cette recherche de "l'unique" occupe tant les pensées d'individus composant un "groupe" social bien distinct. Il me semble en effet bien plus rare de trouver ce genre de commentaires en-dessous d'une vidéo d'un groupe r'n'b. Pourquoi reconnaître le caractère "mainstream" de nos goûts nous torture tant alors que cette dimension semble être acceptée dans d'autres tribus ?
Moi, j'aime savoir que je fais partie d'une communauté. Que lorsque je pensais avoir des goûts éparpillés et incohérents, lorsque rien ne me faisait faire le lien entre mon amour des polaroid, mon goût des cupcakes,mon inclination pour les films sélectionnés à Sundance, pour les sacs en toile de camion, pour Berlin, pour les brunchs, pour les couleurs pastels et les intérieurs rétro,... c'était en fait la "main invisible" de mon groupe social qui me guidait ! J'adore aller de profil en profil, de blog en blog, et remarquer que je ne suis pas une mais que nous sommes mille !Et j'aimerais tous vous rencontrer, pour qu'ensemble nous complétions le patchwork de cette observation pseudo-sociologique, autour d'un bon verre de vin (bio), accoudés au zinc d'un bar rétro qui passerait de l'électro soft ou des classiques soul, prenant des clichés instantanés de nos silhouettes habillées de marinières et de chemises à carreaux, nous réjouissant d'être tellement uniques et différents, tous ensemble.

http://www.youtube.com/watch?v=5TLWMYmBqZc

dimanche 20 juin 2010

exasme

J'ai un jour lu que 30% des femmes pensent que rentrer à nouveau dans un vieux jean suite à un régime est une meilleure sensation qu'un orgasme. Hum. J'avoue que cette nouvelle -ô combien primordiale- m'a juste fait sourire au moment de sa lecture.
Mais, cette semaine, un évènement sans grande importance a ramené cette étude dans mes pensées : j'ai eu un exasme. Tout commence par une longue attente, un stress qui me bouffe de l'intérieur, les muscles tendus, la gorge nouée... L'adrénaline circule dans tout mon corps, je me sens plus alerte et performante que jamais, les poils hissés, le cerveau prêt à capter un nombre d'informations inouï, un mélange d'anticipation du plaisir et de frustration qui m' envahit...Ensuite, le coït en tant que tel : les mots qui se bousculent, sur le papier ou dans l'espace d'air entre moi et l'autre personne, les idées qui font sens, l'alchimie qui s'installe, il comprend ce que je dis et il approuve, je peux même ressentir qu'il anticipe mes réponses, qu'il voudrait parler à ma place mais il s'abstient et les concepts se créent, s'articulent, tout est formidablement cohérent, logique, tout s'embrasse, s'étreint... Et puis, au terme de cette grande montée de plaisir, un "c'est très bien, vous pouvez y aller mademoiselle". Sentiment de plénitude. Le chemin du retour, comme un immense tour d'honneur, les notes de cours sous le bras comme substituts de drapeau. Deux petits pas de danse esquissés, puisque Bruxelles s'est transformé en Broadway et que nous sommes dans une comédie musicale sur fond d'Arcade Fire. J'ai envie de prendre tout le monde dans mes bras, de crier mon amour de l'académie, d'étudier dans toutes les universités de la terre, de faire une thèse sur un sujet improbable,de devenir professeur,de... dormir.Et d'espérer que demain un nouvel exasme m'attend au bout de ces longues préliminaires solitaires devant mes codes et syllabi.
Call me a geek mais réussir un examen est une meilleure sensation qu'un orgasme. Parfois.

lundi 14 juin 2010

casse-tête russe

Cette fois on dirait que la nostalgie s'est installée pour rester. Qu'elle a pris ses lourds bagages remplis de rêves passés et de vies non vécues et qu'elle les a déposés à grand fracas, remuant par là-même toute la poussière que j'avais laissé s'accumuler. Je ne veux pas devenir "ça". S'il m'est possible à l'instant présent de regretter de ne pas avoir fait certains choix, pas avoir emprunté certains chemins, je sais surtout -et mon corps tout entier est possédé par cette certitude- que je ne veux pas devenir cette personne qui ne fait que se morfondre et passer des heures à googler tous ces noms d'inconnues qui me semblent vivre cette réussite que je leur envie. Il est temps, il est temps, il est temps. Il est temps de mettre en branle ma petite machine à rêves et de lui faire créer du réel. Mais comment faire ? Il me faut un plan, il me faut des listes, il me faut du concret, il me faut du tangible. Apprendre le russe, ça me semble évidemment. Y aller, le plus souvent possible, c'est du domaine du possible. Étudier le droit international, trouver des cours en relations internationales, mis à part les obstacles financiers, rien ne s'y oppose. Trouver un boulot, un stage, n'importe quelle activité qui me permette de les voir de plus près tous ces gens que j'admire, scruter leurs moindres défauts et en rire (il faudra bien contre-balancer des années d'idéalisation). Le plus difficile sera peut-être de me quitter moi-même après tout... De laisser cette rêveuse passive que je suis, de quitter cet océan de confort dans lequel je me noie et de me dire au revoir. Je sais que l'échéance se rapproche et qu'il ne tient qu'à moi de faire en sorte que tout prenne forme. Il faut respirer et arracher le bandage de l'inaction. Scratch. Ça fera mal un bon coup mais je suis sûre que c'est avec délectation que je découvrirai la peau toute rose et fragile de ce nouveau moi.
Deux ans, j'y serai dans deux ans. Je vous le promets, je me le promets, à tous mes moi passés et présents.

dimanche 13 juin 2010

it's not going to stop 'til you wise up

Ce soir est un de ces soirs où ma playlist est aussi joyeuse qu'une oraison funèbre et je m'interroge: est-ce cette nostalgie russe avec laquelle on me rabat les oreilles depuis l'enfance ? Oh mon dieu, comme je le voudrais. Il y a une véritable et pure folie à passer de la joie la plus complète au désespoir le plus profond, sans aucun changement concret, sans la moindre ébauche de raison. Je parle de ces moments où je ne me sens pas être le moi-même que je voudrais, sans pour autant pouvoir dessiner les contours de mes désirs. Ma vie a toujours été une de ces montagnes russes (encore) et je me suis accoutumée à vouloir tout et son contraire. Mais la question lancinante posée par tant d'autres finit par résonner au cœur de mes pérégrinations identitaires : "sera-tu donc jamais heureuse?" Je ne peux que répondre "oui, je le suis 50 x par jour, pour au moins 5 minutes à chaque fois". Ces grands moments de bonheur éphémère sont en général interrompus par ce petit démon intérieur qui me pousse à penser à tout "ça" : que je suis ici, que je ne suis nulle part, que je voudrais être là-bas, mais que peut-être ici c'est plus sûr, mais que la sécurité c'est déjà avoir un pied dans la tombe, non ?, ou est-ce ce qui a vraiment de la valeur, le réel, le non-illusoire ? Et je joue parfois tellement à me faire peur, à me rendre amoureuse, à y croire très fort juste pour pouvoir tomber,m'éclater en mille morceaux sur le parquet et écouter Aimee Mann et Elliott Smith en pleurant tout mon soûl. Je sais que demain me réveillera pleine d'énergie nouvelle, de la certitude de pouvoir toucher du doigt cet indéfinissable manque. Je sais que mon coeur battra quand je verrai son nom s'afficher dans ma boîte mail. Je sais que je rêverai de partir à Moscou, de passer mes journées à comprendre les mécanismes de ce monde fascinant et que ce rêve me gardera bien au chaud pendant que je vaquerai à cette vie qui ne me convient pas. Et que je ne ferai rien pour en changer. It's not going to stop 'til you wise up... so just give up.