vendredi 15 octobre 2010

if I should die this very moment I wouldn't fear for I've never known completeness like being here

J'ai un rituel un peu idiot depuis toute petite : à chaque fois que je ressens un sentiment de bonheur total, de complétude, je lève subrepticement les yeux au ciel et je répète dans ma tête tout en fixant les nuages "merci,merci,merci". Ma voix intérieure est toute timide, elle est restée celle de la petite fille du début et je peux sentir le sang affluer vers mes joues et mon coeur battre la chamade quand je m'exécute. Je n'ai jamais su à "qui" j'adressais mes remerciements. Mais ce qui semble clair dans ce genre d'instants,c'est qu'il y a quelqu'un à remercier, quelque part. Qu'il y a du surnaturel dans la chance qui me croise si souvent, dans la perfection du moment, dans ce bouillonnement dans ma poitrine, dans le fait d'être si pleinement "violently happy". Ce qui est incroyable, c'est que la majorité du temps rien de particulièrement extraordinaire ne doit se produire pour déclencher cette implosion de bonheur. Mon petit rituel pourra être déclenché par toute une série de quotidienneries . Par le fait de rentrer en automne dans un appartement chaud et cozy et de le trouver en train de jouer à la Wii et saisir son regard de petit garçon pris sur le fait d'une bêtise. Par une discussion jusque 6h du matin dans un bar à Kreuzberg alors que l'on avait prévu de se coucher tôt. Par une soirée fraîche -enfin- ,en pleine canicule moscovite, passée sur le toit d'une synagogue à manger des grillades, nos fous rires interrompus par un petit garçon, kippa sur la tête, demandant à Ira de lui envoyer un Iphone des Etats-Unis. Par tous ces moments passés à marcher sur les tapis roulants de Zaventem pour atteindre la porte tout au fond, celle où il est indiqué "destination Berlin". Par l'orgasme intellectuel à la fin de chaque épisode de Mad Men, à chaque fois. Par les longs mails qui ne veulent dire qu' "idem" et les conversations skype de plusieurs heures qui ne signifient que "oui, tout pareil ma Lulu". Par les baisers qui me réveillent presque tous les matins depuis plus d'un an et demi. Par le fait de me le rappeler constamment et de chérir cette pensée :j'ai aimé, j'aime et je suis aimée et quelle magnifique réussite que ma famille de choix !Alors si j'ignore qui entend mes mercis rituels, j'espère que vous lirez ceux-ci : merci, merci, merci.

1 commentaire:

  1. Merci lulu, merci !!
    Pour une fois contrairement à toi, j'ai en horreur les interminables tapis roulants qui mènent à la dernière porte d'embarquement... !

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